Extrait :
Neige et 20 Poèmes,
AUTOMNE
Il y eut donc le printemps
et son fleuve de fleurs
Avec ses mains de feuilles
fermées sur l’ombre en fruit
Oh ! cet automne, là, qui dure sur nos vies
et ferme l’horizon du long cri de son sang.
Il y eut donc l’été lourd
comme l’angélus de midi
où nos mains en prison
glissaient le long des livres
Oh ! nos corps roués d’ombre,
roués d’eau, de soleil
où le sommeil
veillait sur l’ivresse
des mouches et des pensées.
C’est l’automne, va,
c’est l’automne, paix des forêts,
tu n’as pas reconnu
la grive immortelle et gavée
grise, grise, que ne fleurira plus
son sang dernier,
car il y a chasse aux hommes cette année.
Les vieux fusils sommeillent
près des vieilles poupées
le plomb de nos soldats d’enfants
coule en sang sur la terre
les abeilles d’acier essaiment vers nos cœurs
nouvelles fleurs d’où coulera
le miel chaud de la mort.
De mes songes tristes a surgi ton visage,
ma mort, soudain le nuage
de ton visage pâle de vie.
Plaisir, désir, ton sourire
éclairait de neige l’au-delà
et je comptais mes pas sous ta lumière
dévalant vers l’hiver.