Le texte...
J’ai décidé de dire et de redire aux Européens qu’ils n’ont pas à être fiers de construire leurs murs contre les migrants, parce que nous sommes responsables d’une ébauche de génocide qui rappelle les moments les plus atroces de notre histoire. Il n’a certes pas l’envergure de la solution finale nazi-fasciste. Mais ce qu’il y a de désolant dans la résurgence de ce moment de barbarie, c’est l’alibi de la défense de la démocratie, que les pouvoirs publics et une large fraction des populations européennes sous hypnose médiatique, invoquent pour justifier leur intransigeance européo-centriste. Dans le contexte de panmédiatisation actuelle, cette violence publique est intolérable. Nos grands-parents, nos parents pouvaient dans les années quarante quarante-cinq, prétendre à la rigueur qu’ils ne savaient pas, mais à présent que le malheur et l’horreur sont promus comme marchandises télévisuelles, il n’est plus possible de se fermer les yeux, les oreilles et la bouche. Ou de ressasser le slogan de la libération : « Plus jamais ça ». À croire que l’amnésie est la chose la mieux partagée au monde.
Leo Luca Orlando Maire de Palerme extrait de l’interview par Jean Duflot (2017)