Le livre...
La nuit où Israël (à la suite d’une cascade d’événements trop connus du lecteur pour qu’il soit besoin de les rappeler ici) se résolut à accomplir ce qu’il tramait depuis sa naissance, envahissant les territoires qu’il n’avait pas encore colonisés, cette nuit-là Sœur Sylvie de l’Annonciation rêva qu’un canon de char, fracassant les volets, entrait dans sa chambre. Sœur Sylvie était une grande fille, et bien qu’elle n’eût pas lu Freud, elle n’ignorait pas les connotations sexuelles d’un tel rêve. Pour autant, même en rêve elle ne rougit pas, car rêver n’est pas pécher, sans être théologienne à tout crin Sœur Sylvie savait ça aussi. Le canon de char s’avança jusqu’au-dessus de la natte où reposait Sœur Sylvie, et, sans vergogne, révéla, sa véritable nature : il n’était pas un fantasme, ...