Extrait...
Le temps va s'effondrer au giron des gorges, la grotte d'Enimie dont la source et l'aube entrouvrent la part tombale. Dernière torsion. Tresse piégée du corps à la fin du discours sur un dernier neume gommé de la voix relâchant ses cordes : l'haleine du coeur qu'elle envoie à qui l'attend. Sa dernière attention est figée, le corps impuissant, sens dissipés, les yeux encore ouverts sur le paysage qui meurt en elle, et bientôt clos dans un instant de pudeur avant la toilette du corps. La filleule est à sa veille comme la buée d'un miroir au tain en attente d'un passage qui prend enfin sa place au bout de l'âge. Sa beauté obsédante disparaît du visage cédant à la fixité de l'icône, quelque chose de plat et de froid, la pensée soustraite aux accords dans le sang bavard brusquement figé.
Il est passé dans la nuit, rapide, si rapide qu'elle ne s'est pas sentie enclose dans la craie blanche, sans s'éveiller, et le matin est venu.
La mort, peut-être un livre qui relie le fil d'Ariane. Les mots sur les pages, et de page en page, se sont déplacés comme s'ils dansaient, papillons de mémoire, échange de pollen autant que de paillettes, des mots troublés dont le dernier se pose en tête du livre, après le point final inaugural, l'oublié qui vient conclure, l'innocent qui ne connaissait pas sa naissance, va apprendre enfin les mystères de son langage et entamer le tissage de la voile.
J'avais écrit avec des yeux de tous les jours. Je ne sais pas inventer cela. Je voudrais mettre les yeux de mes mots dans les jours sur le papier blanc de ta peau.