“Quatre enfants, dans une tranchée-abri, apprennent comment bat le cœur de l'homme. De toutes les images que Pic a rapportées de cette guerre où se joue notre destin, celle-ci est sans  doute la plus signifiante. Elle rend soudain concrète cette dialectique de la vie et de la mort, et lui donne son vrai sens poétique. Mais surtout, elle illustre la victoire déjà acquise du peuple vietnamien. En cela,  elle  me parait, pour les  bâtisseurs de ruines,  plus redoutable encore que ces armes modernes qu’on verra par ailleurs, braquées vers un ciel sans cesse menaçant et dont l'efficacité profonde - pour qui sait regarder - vient peut-être de ce qu'elles sont servies aussi par des jeunes filles. Efficacité actuelle  et pour plus tard, lorsque sur ce pays depuis si longtemps ravagé par l'étranger, sur ces fleuves paisibles et ces jonques féeriques, le soir ne déclenchera plus la savante multitude des stratégies, mais, simplement, le cheminement du songe...

D'ores et déjà,  ce qui fascine dans ce miroir implacable,  c'est l'affirmation constante de l’avenir comme un arc-en-ciel jeté par dessus l'horreur présente.


   
  En 1961 les USA entament une intervention militaire au Sud Vietnam qui se terminera en 1975, lorsque les hélicoptères de l’armée américaine évacueront quelques civils de Saïgon.

     Dans la guerre de libération nationale « chaque habitant fut un soldat, chaque village une forteresse, chaque cellule du parti, chaque comité administratif de commune un état-major »

Général V.N. Giap - Guerre du peuple armée du peuple





 

Cette certitude éclate dans le rire des gosses, dans l'élégance de ces deux promeneuses d'une ville plusieurs fois par jour pilonné, dans l'application tranquille de ces chercheuses souriantes dans les ruines. Que les Vietnamiens défendent notre dignité, les documents qui nous sont ici présentés l'illustrent abondamment. Ces hommes, ces femmes, ces enfants que la plus puissante nation du monde tente, par les moyens les plus criminels, de mettre à genoux, je ne vois dans leurs yeux ni peur, ni découragement, mais, le plus souvent, de la colère, et toujours,une résolution non pas farouche, mais raisonnée, raisonnable, j'allais dire qui va de soi. Demeurer un être humain dans ces conditions inhumaines est déjà un défi aux barbares. Mais devenir hommes et femmes plus riches, plus harmonieux, plus responsables, par l'anéantissement nié, c'est notre victoire à tous...Cependant, pour nous faire oublier que, quel que soit le lieu où le hasard nous a fait naître, le même ennemi nous guette et qu'ainsi, nous vivons nous-mêmes, d'une certaine manière, sous les bombes, on nous barbouille volontiers le cœur d'émotions moins orientées : le naufrage d'un pétrolier, l'incendie d'un grand magasin, l'agonie d'un coureur automobile...


                                                                                                     Jean-Paul Sartre

 VIETNAM
 1961 1975 LE PEUPLE VIETNAMIEN EN GUERRE CONTRE LES USA
                  
                                
          « Nous avons beau fouiller notre crâne jaune, nous n'arrivons pas à trouver la raison qui a poussé les hommes et les femmes de France à fonder cette fameuse institution qu'est la Société protectrice des animaux. D'abord, cette raison nous échappe parce que nous voyons qu'il y a encore tant d'êtres humains misérables qui demandent en vain qu'on s'occupe un peu d'eux… »
                                                                                                           
                                                          Ho Chi Minh - œuvres choisies (1922-1967)



« Ces hommes, ces femmes, ces enfants que la plus puissante nation du monde tente, par les moyens les plus criminels, de mettre à genoux, je ne vois dans leurs yeux ni peur, ni découragement, mais, le plus souvent, de la colère, et toujours, une résolution non pas farouche, mais raisonnée, raisonnable, j'allais dire qui va de soi. Pour nous faire oublier que, quel que soit le lieu où le hasard nous a fait naître, le même ennemi nous guette et qu'ainsi, nous vivons nous-mêmes, d'une certaine manière, sous les bombes, on nous barbouille volontiers le cœur d'émotions moins orientées : le naufrage d'un pétrolier, l'incendie d'un grand magasin, l'agonie d'un coureur automobile... De belles et bonnes tragédies, en somme, des images pour tous publics, sans rectangle blanc. On nous a déjà fait le coup, il y a 30 ans avec l'Espagne. On nous a fait le coup avec Auschwitz et Dachau. On nous a fait le coup avec Hiroshima. Chaque fois que les assassins braquaient sur nous leurs armes, on nous demandait de regarder ailleurs. Des millions d'entre nous ont été ainsi abattus, dans le dos, tandis qu'ils guettaient, dans le ciel, l'apparition de la Vierge de Fatima, ou, sur la mer, celle du monstre du Loch Ness. Ce Vietnam indomptable, c'est notre ultime liberté... »




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