ÉDITIONS
FICHE DU LIVRE :
Février 2010
Auteur : Frédéric de Boccard
Titre : Les trimbaldiens
Couverture : Fred Horneck
En coédition avec La fosse aux ours
138 pages 15 € 
ISBN : 978-2-912042-00-2
Commander


../../Les_Auteurs/Pages/Fred_de_Boccard.html../../Commandes/Pages/fiche_commande_Les_trimbaldiens.htmlshapeimage_4_link_0shapeimage_4_link_1

Le texte...


AUTOMNE 1915 : après un séjour à l'hôpital, Blaise et Djami, deux anciens soldats, s’embarquent à Marseille sur un rafiot accompagnés du jeune Lulu. Direction : le Sud.

De la boue des tranchées à la Corne de l’Afrique, en passant par Naples, Malte et Port-Saïd, les trois hommes vont vivre la grande aventure sur les traces d’Arthur Rimbaud.



Des nuages de moustiques tombèrent en grappe avec la nuit et firent vibrer l'air, autant qu'il vibrait de chaleur la journée. Autour d'un feu, Djami continua d'évoquer les longs séjours que Rimbaud et lui passèrent à Harar. Puis fatigué, il s'arrêta. Blaise et Lulu gardaient les yeux fixés sur lui. Des braises ardentes se reflétaient dans ses lunettes noires et lui donnaient un regard flamboyant de fauve qu'une lumière surprend dans la nuit. Trucage, artifice : ses yeux étaient bien morts et tout le reste du corps luttait pour ne pas le devenir.
           Ils se couchèrent. Au bourdonnement des insectes s'étaient joints d'autres bruits, plus ou moins lointains, plus ou moins inquiétants : fuites, glissades, rires de hyènes, frémissements.
          Un peu plus tard, ce furent comme des peignes métalliques, des scies qui mordaient des bûches, des trémolos, des borborygmes errants, des stridences qui montaient et descendaient, des "choses" qui passaient au ras du sol, plongeaient, martelaient, craquaient, agitaient des sonnailles au fond des trous. L'une de ces "choses" tomba sur le front de Blaise et disparut aussitôt. Il sursauta, grommela, se leva et alla fumer une cigarette. Droit devant lui, des tables basaltiques en forme de dos de baleines échouées faisaient un écran noir sur le ciel étoilé et bouchaient l'horizon. La ville de Harar se trouvait quelque part là-bas. Harar, symbole du silence de Rimbaud. C'était bien ce "silence" qui empêchait Blaise de dormir, et non tout ce tintamarre nocturne ni ces autres "choses" qui tombaient on ne savait d'où. Le silence de Rimbaud, son abandon de la poésie, le silence de celui qui était passé de l'or mythique cherché dans la poésie à l'argent raclé dans le réel. Blaise se demanda si Rimbaud avait connu ici la poésie du réel, s'il n'avait pas matérialisé la poésie qu'il avait commencée par le verbe. Et si cette période africaine avait été une volonté de vivre la poésie en acte, une poésie immédiate ? (extrait)




                                     

LES TRIMBALIENS
ÉDITIONS
À PLUS D’UN TITRE