DÉCOLONISATION AFRIQUE
DE LA « GAULLOCRATIE » À LA FRANÇAFRIQUE
                              
                                1945 - 1965   La décolonisation en Afrique


    « La colonisation contrairement à la manière dont elle a été traité et reste communément traité n’est pas  un élément marginal dans l’histoire de  le France, ni dans celle de l’histoire européenne… Mais elle s’inscrit constamment avec virulence, au cœur de ces idées, au point souvent de les déterminer de façon décisives »

                                                           Préface à Massacres coloniaux François Maspero






































1960... LE DÉMON BLANC ET SES COMPLICES NOIRS !


 
« L’élite européenne entreprit de fabriquer un indigénat d’élite ; on sélectionnait des adolescents, on leur marquait sur le front, au fer rouge, les principes de la culture occidentale, on leur fourrait dans la bouche des bâillons  sonores, grands mots pâteux qui collaient aux dents ; après un bref séjour en métropole, on les renvoyait chez eux, truqués. Ces mensonges vivants n’avaient plus rien à dire à leurs frères… »
                                                  Jean-Paul Sartre, préface aux Damnés de la terre 1961


Cléophas Kamitatu
La grande mystification du Congo-Kinshasa
Les crimes de Mobutu

Livre interdit en 1971 comme « de provenance étrangère ». Inculpation de l'éditeur pour injure à chef d'État étranger : condamnation à deux mois de prison, 18 000 F d'amende. Deuxième édition augmentée en octobre 1971. Nouvelle inculpation pour reproduction d'ouvrages interdits. Condamnation en 1973 à 6 000 F d'amende. 
Mobutu qui n'a pu empêcher ni la parution ni le rachat de l'édition va obtenir du gouvernement français l’interdiction du livre en s'appuyant sur une loi qui permet d'interdire, sans donner de motifs, les ouvrages  d'origine étrangère. 

Mongo Béti
Main basse sur le Cameroun
Autopsie d’une décolonisation

Livre interdit en juillet 1972 comme « de provenance étrangère », Mongo Béti était professeur agrégé et fonctionnaire français, détenteur du passeport français! 

« Ernest Ouandié dirigeant de l’UPC conserve un noyau de maquisards jusqu’en août 1970. Il est arrêté le 21 août 1970 lors d’un déplacement organisé par Mgr Albert Ndongmo, évêque de Nkongsamba. Il sera jugé avec d’autres compagnons et l’évêque, pour complot visant à assassiner Ahmadou Ahidjo, le chef de l’État, grand ami de la France. Lors d’une parodie de procès devant le Tribunal Permanent Militaire à Yaoundé. Son avocat, Me de Felice, se voit refuser l’entrée au Cameroun. Ouandié sera fusillé sur la place de Baffousam avec deux autres de ses camarades le 15 janvier 1971. »

Jules Chomé 
L’ascension de Mobutu

Livre interdit en 1974
































                                                   ALGÉRIE
                            1954 -1962 La France est en guerre en Algérie


    « De 1957 à 1962, sans les Éditions de Minuit et les Éditions Maspero, le cri des torturés serait resté étouffé, la désespérance d’une génération tue, les réseaux de soutien et d’insoumission anathématisés, la condition coloniale et le droit à l’indépendance défigurés . Dans cet acte de résistance, la place et le rôle de François Maspero sont exceptionnels, car à l’éditeur s’ajoute le libraire qui vont se conjuguer avec le militant anticolonialiste. »                     
                                                                                                                    Nils Anderson
















                    Alors même que le système colonial français s’effondrait (La défaite de Dien Ben Phu et l’indépendance de l’Indochine en 1954, le Maroc et la Tunisie sont en état d’insurrection depuis 1952 et seront indépendants en 1955 et 1956), en Algérie la Quatrième République se révèle incapable de mettre fin à l’ordre colonial. C’est le mouvement national algérien, en décidant de recourir à la lutte armée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, qui fera éclater les contradictions de la présence française et imposera en 1962 l’indépendance de l’Algérie.

                    Mais cette guerre fut également une véritable guerre civile au sein de la société française. Dès le début du conflit, des militants français vont aider le mouvement de libération nationale algérien et s’affronter aux gouvernements successifs de la Quatrième puis de la Cinquième République : dénonciation de la guerre, dénonciation des pouvoirs spéciaux de 1956 par une extrême minorité de Français, aide directe au FLN, dénonciation de la torture, appel à l’insoumission avec le Manifeste des 121 en 1960, publication des thèses du FLN… Des hommes et des femmes s’opposeront à cette guerre et à l’extrême droite qui, avec l’OAS, répand la mort dans les rues algériennes et françaises. 

               Cette guerre a conjugué les caractéristiques d’une lutte de libération nationale et celles d’une véritable guerre civile au sein de la société française. La guerre de libération nationale algérienne va transformer le paysage culturel et politique français et tout particulièrement pour les forces politiques de la gauche. Des forces politiques et associatives nouvelles émergent du soutien apporté au FLN.

Éditions FM : 14 LIVRES ET REVUES INTERDITS













Frantz Fanon : Sociologie d’une révolution 
(l’an V de la révolution algérienne). 
Saisi en 1959, 1960, 1961. 
Motif de l’inculpation : atteinte à la sûreté intérieure de l'État, 
incitation de militaires 
à la désertion, injures envers l'armée.
 
Maurice Maschino : Le refus. 
Saisi en 1960. 
Motif de l’inculpation : incitation, de militaires à la désertion.
 
Le droit à l’insoumission. 
Saisi en 1961. 
Motif de l’inculpation : incitation de militaires à la désertion.
 
André Mandouze : La révolution algérienne par les textes. 
Saisi en 1961, puis remis en circulation (non-lieu).
 
Maurice Maschino : L'engagement. 
Saisi en 1961. 
Motif de l’inculpation : incitation de militaires à la désertion.
 
Paulette Peju : Les harkis à Paris. 
Saisi en 1961
 
Frantz Fanon : Les damnés de la terre.  
Saisi dès parution en 1961.

Ratonnades à Paris. 
Saisi en 1961.
 
Rocine Bouzaher : Des voix dans la casbah. 
Saisi en 1961. 
Motif de l’inculpation : injures envers l'armée.
 
Nuremberg pour l'Algérie I. 
Saisi en 1961. 
Motif de l’inculpation : atteinte à l'intégrité du territoire.
 
Nuremberg pour l'Algérie II. 
Saisi en 1961. 
Motif de l’inculpation : incitation de militaires à la désertion.
 
Revue Partisans n° 1. Saisie en 1961. 
Revue Partisans n° 2. Saisie en 1961. 
(Tout le premier tirage, saisi à l'imprimerie, a été détruit.) 
Revue Partisans n° 3. Saisie en 1962.
FRANTZ FANON

1925 1961 L’HOMME SILEX

« je t’énonce

FANON

tu rayes le fer

tu rayes le barreau des prisons

tu rayes le regard des bourreaux

guerrier - silex

vomi

par la gueule du serpent de la mangrove »

Aimé Césaire (moi laminaire)


    Frantz Fanon est né à Fort-de-France le 20 juillet 1925. En 1943, il rejoint les Forces françaises libres. Après la guerre il s’inscrit à la faculté de médecine de Lyon. En 1952 il publie Peaux noires masques blancs. En juin 1953, il est nommé médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida. À son arrivée l’hôpital est à l’image de la psychiatrie coloniale, avec une séparation radicale des malades mentaux indigènes et des malades mentaux métropolitains. Fanon se lance alors dans la rénovation institutionnelle de ses services. Progressivement il va s’engager avec le FLN. Bien qu’il conserve une importante activité clinique, les événements le poussent à un nouvel engagement pour défendre, comme en 1943, la liberté et la dignité de l’homme. En 1956, précipité par la menace d’une répression, son hôpital étant considéré comme un lieu de refuge des combattants du FLN, il présente sa démission. Il quitte Blida pour rejoindre Paris. Peu après, un arrêté d’expulsion est émis à son encontre. Il part pour Tunis où il mènera une double activité, psychiatrique et politique. Il est intégré dans le service de presse du FLN. Il voit au-delà du conflit algérien et envisage la question de la décolonisation pour l’ensemble de l’Afrique. À partir de 1959, nommé ambassadeur itinérant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, il multiplie les voyages et les conférences.

    

    Il s'éteint à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans, des suites d'une leucémie. Il est enterré en terre algérienne. Aujourd’hui, l’hôpital de Blida porte son nom.

    Le combat de Fanon ne visait pas seulement la libération de l'homme noir ou du colonisé, mais visait l'émancipation des peuples, la libération de l'homme de l'aliénation par la lutte. La seule issue possible est dans l'action sur le réel. Ses livres vont parcourir le monde des luttes anti-coloniales en Afrique et en Amérique latine tout en inspirant le Black Panther Party aux USA. « Le tiers monde n’entend pas organiser une immense croisade de la faim contre toute l’Europe.

    Ce qu’il attend de ceux qui l’ont maintenu en esclavage pendant des siècles, c’est qu’ils l’aident à réhabiliter l’homme partout, une fois pour toutes. » Frantz Fanon Les damnés de la terre 




Le film : « Frantz Fanon, mémoire d’asile » du réalisateur Abdenour Zahzah













Hommage à l’auteur de Peau noire, masques blancs (1952) et des Damnés de la terre (1961), le film d’Abdenour Zahzah trace l’itinéraire extraordinaire de ce célèbre inconnu que demeure Frantz Fanon, en partant de l’expérience et des méthodes novatrices de ce dernier à l’hôpital psychiatrique de Blida (Algérie). Le célèbre psychiatre martiniquais, qui fut aussi un éminent militant algérien et un actif révolutionnaire africain, est mort il y a cinquante ans, le 6 décembre 1961.

François Maspero et Abdenour Zahzah

2009 MUSÉE DE L’IMPRIMERIE À LYON


Programmation :

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