“Quatre enfants, dans une tranchée-abri, apprennent comment bat le cœur de l'homme. De toutes les images que Pic a rapportées de cette guerre où se joue notre destin, celle-ci est sans doute la plus signifiante. Elle rend soudain concrète cette dialectique de la vie et de la mort, et lui donne son vrai sens poétique. Mais surtout, elle illustre la victoire déjà acquise du peuple vietnamien. En cela, elle me parait, pour les bâtisseurs de ruines, plus redoutable encore que ces armes modernes qu’on verra par ailleurs, braquées vers un ciel sans cesse menaçant et dont l'efficacité profonde - pour qui sait regarder - vient peut-être de ce qu'elles sont servies aussi par des jeunes filles. Efficacité actuelle et pour plus tard, lorsque sur ce pays depuis si longtemps ravagé par l'étranger, sur ces fleuves paisibles et ces jonques féeriques, le soir ne déclenchera plus la savante multitude des stratégies, mais, simplement, le cheminement du songe...
D'ores et déjà, ce qui fascine dans ce miroir implacable, c'est l'affirmation constante de l’avenir comme un arc-en-ciel jeté par dessus l'horreur présente.