Le livre...du chômage à l’autonomie conviviale
Écrit en 1982, ce texte n’a rien perdu de son intérêt. À l’époque comme aujourd’hui, le système industriel est devenu contre-productif et instable, et le chômage touche ou menace une bonne part de la population. Mais c’est peut être une occasion de diminuer la part d’hétéronomie dans nos vies, et de gagner en autonomie et en convivialité. En imaginant un scénario consistant à passer les salariés d’une entreprise à temps partiel au lieu de procéder à des licenciements, ce livre étudie comment il est possible d’utiliser le temps ainsi libéré pour des activités productives vernaculaires. Il propose de procéder par étapes, détaillées avec précision, pour aboutir à engager un démantèlement sélectif des filières industrielles, réflexion qui aujourd’hui redevient d’actualité.
Extrait...de l’impasse industrielle
Commencer une décroissance de la puissance et de la démesure suppose justement que la créativité qui fait tant défaut à l’élite surgisse d’autres couches de la population, que des gens « ordinaires », où qu’ils soient, se décident à s’aventurer dans une dissidence pratique. Mais cela ne pourra se faire que si la dimension positive de cet immense défi prend le dessus sur l’angoisse et la peur et stimule les esprits. Car c’est le positif de la vie qui révèle le négatif, et non pas l’inverse, c’est le positif qui éclaire et libère. Changer d’échelle est devenu une nécessité dramatique. Mais ce peut aussi devenir l’occasion, en tous lieux, d’un étrange bouillonnement créatif, d’une transformation inespérée au milieu du chaos : reconquérir une indispensable maîtrise locale de nos existences quotidiennes, ouvrir le champ des relations interpersonnelles, se donner d’autres pratiques et d’autres buts dans la recherche scientifique et technologique (comme pour le « FabLab », par exemple), accueillir la surprise joyeuse de faire des choses ensemble, de recréer du lien social dans les cités et les quartiers urbains délabrés, les petites villes à l’abandon, les territoires ruraux ou rurbains disloqués.