Les petits métiers
A g e n t d e n o t a t i o n
Il y a quelques mois, personne ou presque, dans la société des sur-médiatisés que nous sommes, ne connaissait l’existence de ce petit métier.
Tout au plus les initiés ironisaient-ils d’un air entendu sur les bévues de ces firmes qui se donnent pour raison sociale d’infantiliser l’économie mondiale en attribuant des notes à tout ce qui bouge à la surface du globe. Ne venaient-elles pas de recommander les placements les plus foireux du XXI° siècle, responsables d’une magnifique catastrophe bancaire, les «sub-primes» ( voir ce mot ) ?
N’avaient-elles pas couvert les tripatouillages du gouvernement grec pour cacher sa déroute fiscale ?
Et voici que tout d’un coup, le pion devient maître.
Le monde de la politique et de la finance, le plus grand rassemblement de requins, de crocodiles, de fauves, de hyènes et de chacals de la zoologie humaine se mettrait à trembler devant ces officines où l’on distribue des bons points avec infiniment moins de discernement et de rigueur morale que les instituteurs de la III° république.
La question que ne se pose pas le sur-médiatisé de base : Qu’est-ce qu’on essaie de nous vendre ?
Ce que nous vendent les « agences de notation », c’est la « rigueur » ( voir ce mot ).
Concrètement, l’accélération du passage de l’argent des pauvres – les contribuables des états soumis – dans les poches des financiers, spéculateurs et autres profiteurs institutionnels ou spontanés. Elles sont l’instrument le plus sophistiqué et le plus culotté de la mainmise du capital sur la vie des populations mondiales.
Quel profit tire l’agent de notation lui-même de son activité laborieuse, obscure et en grande partie fausse, voire absurde ? Ce modeste manipulateur de chiffres ne peut guère en espérer que quelques pouces de plus à son écran plat et quelques chevaux supplémentaires à son 4X4. Mais il a la satisfaction de contribuer à mettre toute l’humanité en rang dans la cour du bagne mondialisé. À la botte des grands.